Gouvernance : En finir avec la petite corruption
Fournir les informations pour aider à combattre la corruption. C’est l’idée des jeunes qui sont regroupés au sein de l’OCP (Organisation pour le changement positif). Le 16 décembre, ils ont présenté leur travail aux médias : la PIPA (Plate-forme d’information sur les procédures administratives). C’était à la Blue Zone de Kaloum. La plate-forme comporte un site internet, une page facebook et un n° vert. Le site : www.procedures-guinee.org contient les informations utiles. Mamoudou Nagnalen Barry, fondateur de la PIPA, a expliqué que désormais les internautes peuvent aller sur le site s’informer sur les procédures d’acquisition des documents d’état civil, la fiscalité et les procédures douanières, la création d’entreprises et d’ONG, l’emploi et la règlementation du travail en Guinée ainsi que la procédure de demande de visas dans certaines ambassades.
Pour lui, la création de ce site permet de lutter contre la « petite corruption : tracasserie policière et administrative ». Les citoyens sont invités soit à publier les images, vidéos et commentaires sur les cas de corruption sur la page Facebook : SopCorrutionGuinée, soit écrire à stopcorruption@procedures-guinee.org soit téléphoner au n° 660 424 255. Les membres de l’OCP vont relayer les informations. Il n’a aucun doute que cela permettra un changement de comportement chez l’agent ou au sein de service mis en cause. « La population souffre assez des tracasseries dans les services publics. Celui qui veut faire un passeport, une carte d’identité est obligé de payer plus qu’il n’en faut, parce qu’il ne sait pas forcément combien il faut payer ou bien à qui s’adresser. Cependant, les institutions internationales s’intéressent beaucoup plus à ce phénomène qu’on appelle la petite corruption qu’à celle opérée à grande échelle. » L’argument est que le citoyen ne ressent pas directement la corruption à grande échelle. Pendant que celle exercée par les agents dans la délivrance des actes de naissance ou mariage ou d’une pièce d’identité concerne le citoyen, c’est lui la victime. Même que le classement de chaque pays dépend de la perception des citoyens de la corruption au sein de services publics.
Pour Ibrahima Kalil Guèye, président de l’OCP, la lutte contre la petite corruption doit concerner tout le monde. D’où, précise-t-il, l’idée de collecter et regrouper les informations sur les procédures administratives sur un site, afin de protéger le citoyen ordinaire contre les abus des fonctionnaires de l’Etat. « Le niveau de la petite corruption reste extrêmement élevé dans le pays. Des policiers soutirant des sous aux passagers au niveau des frontières, des avocats et administrateurs fiscaux exigeant plus que nécessaire pour l’enregistrement d’une entreprise ou de payer des impôts, le citoyen ordinaire souffre à plusieurs étapes », déplore-t-il.
Selon Mamoudou Nagnalen Barry, l’idée de la PIPA est née au Yali2015, au Kénya. C’est un projet qu’il a soumis et avait promis de mettre en place à son retour au pays. La plate-forme est financée par le département d’Etat américain à hauteur 9 000 dollars. Quant au site, il a coûté 850 dollars. Teta M Moehs, l’attaché culturel de l’ambassade, a exprimé sa joie de voir les Guinéens bénéficier du programme Yali, partager leur expérience avec leurs compatriotes. « Nous accordons l’importance à l’information, l’information c’est le pouvoir ».
Par ailleurs, on a présenté le Yali Guinée, initiative des anciens boursiers du programme Mandela Washington fellowship en partenariat avec l’ambassade américaine, l’USAID, les boursiers des autres programmes de l’ambassade et l’OCP. Son objectif : identifier et former des jeunes diplômés sans emploi et leaders potentiels afin de renforcer leur engagement en faveur de leur communauté.