ARRETES ET DIPLÔMES EN STOCK : ERNEST GOHO GOEPOGUI, L’UN DES FAUSSAIRES ARRETES

L’année 2021 commence mal pour Ernest Goho Goepogui. Le fils de Jean Pierre Koly Goepogui vit des heures difficiles depuis quelque temps. Face à ce nouveau coup dur, d’autant plus sérieux qui a un fort retentissement médiatique, Jean-Pierre K. Goepogui dénonce avec véhémence ‘’Je n’ai pas envoyé mon fils frauduleusement à la fonction publique’’. La riposte jadis menée dans les médias et sur les réseaux sociaux par lui n’avait pas tardé. Se disant victime d’une ‘’injustice et d’une attaque administrative’’, il avait déclaré à une radio de la place, ‘’préparer une contre-offensive judiciaire. S’il se défend avec autant d’ardeur, c’est parce que la décision judiciaire n’avait pas affecté l’un de ses acquis précieux : ‘’son image de société civile à succès’’. Cette belle époque semble toutefois touchée à sa fin.
LA LUTTE DES COLLECTIFS 2000 A ETE LA PLUS LONGUE ET LA PLUS MOBILISATRICE DEPUIS LES EVENEMENTS 2007.
Non seulement, les transports publics ont été paralysés pendent longtemps, mais toute la fonction publique a été touchée par les mouvements de grève plus ou moins constants. Le fait le plus notable tient certainement à l’ampleur et à la répétition des manifestations, dont le succès est allé croissant jusqu’à susciter l’attention du Conseil des Ministres, qui a sollicité le feu le Ministre du Travail, Sékou Kourouma, d’écouter les doléances des collectifs évalués à 5.000 selon les statistiques officielles. Plusieurs jeunes ont manifesté en province comme à Conakry et dans un grand nombre de petites villes où la fonction publique est le principal employeur. Pensons à toutes ces communes de Conakry notamment dans lesquelles l’éducation nationale, les services de l’Etat, décentralisés ou non, les services sociaux sont les seuls employeurs stables.
Après la saisie d’un faussaire d’Arrêtés, votre média est allé mener l’enquête sur un trafic en pleine expansion malgré les progrès réalisés par les autorités du Ministère de la Fonction Publique (Madame la Directrice Nationale du Service National Concours Examens Professionnels et Contrats ou SNCEPC, Madame Millimono Juliette Titi Kamano, Monsieur le Secrétaire Général, Monsieur Ousmane Bangoura. C’est le genre de Tuyau qui ne se présente pas souvent dans une fonction ou une carrière. Alors, quand ils ont eu l’information avant la fin du mois de Juillet 2021, les patrons du Ministère de la Fonction Publique et du Travail sont immédiatement passés à l’action. Ils venaient d’apprendre que le fils de Jean Pierre Koly Goepogui, l’un des faussaires, Ernest Goho Goepogui, dont le Père a parlé ce jour 02 Août à la Radio Tropicale FM est détenteur d’un faux arrêté. Le jeune avait été inscrit frauduleusement sur la liste des fonctionnaires. Une équipe est envoyée en urgence où sont recensées les nouvelles recrues. Sur le nombre de nouvelles recrues, un est d’abord ‘’infecté’’, les contrôleurs découvrent un ‘’faux arrêté’’. La prise quoique ’’unique’’, est tout de même importante. D’autant qu’elle débouchera sur d’autres quelques jours plus tard, qui fera basculer l’enquête dans une autre dimension. Plus tard, tous les faux ‘’arrêtés’’ sont répertoriés confirmant les déclarations à la barre de Madame Millimono Juliette Titi Kamano.
Ordre est donné alors à tous les contrôleurs de mettre à nu tous les vrais Arrêtés et Diplômes authentiques. Des renforts sont appelés pour les aider à Inspecter l’ensemble des candidats en salle. Ils découvrent une piste ; cette fois-là la prise est inédite, le fils de Jean Pierre Koly Goepogui. C’est le même réseau avec le même collectif des 2.000 et le même mode opératoire, explique une source policière. Au total, un butin de trafic de faux ‘’Diplômes et de faux Arrêtés’’ est la plus grosse prise jamais effectuée
DOIT-ON PARLER DE CHAINE DE COMPLICITE ?
Très vite, les policiers de l’Office Centrale de Répression du ‘’Trafic Illicite des Faux Diplômes’’ se mettent sur le coup. Plusieurs personnes sont arrêtées et interrogées, notamment les travailleurs des prestations privées, etc…A partir de ces auditions et des numéros de téléphone qu’ils ont exploité, les agents de l’Office de Répression vont identifier les cerveaux pensants qu’ils vont considérer comme les têtes du réseau en Guinée. Dommage qu’ils n’étaient pas présents à proximité, le soir de l’arrestation à la Direction Centrale de Police Judiciaire de Ernest Goho Goepogui. Si le fils est cueilli, la filature n’a pas encore permis de mettre la main sur le Père. Finalement, une enquête hors-normes, dans les méandres d’un vaste réseau de trafic national est engagée. Cela étant, il ne faut pas exclure que ce lobby est en Afrique de l’Ouest et du Centre. Signe que ce dossier de ‘’Faux Diplômes’’ est monnaie courante en Afrique de l’Ouest ; plusieurs saisies-records ont lieu ces derniers temps dans la région. Tout au long de cette longue chaîne de complicités, ‘’chacun prend son pourcentage’’ sur la marchandise, en cash ou en nature, détaille un expert Onusien.
REDOUTABLE CORRUPTION
La question de Faux Diplômes est l’un des principaux défis pour ces entrepreneurs de diplômes’’. S’ils rivalisent d’imagination pour convoyer leurs marchandises en Afrique de l’Ouest, ils ont tendance à privilégier les ‘’arrêtés’’ car, ils présentent le triple avantage, de la quantité, de la rapidité et de la sûreté. Des monstres spécialisés utilisent la technique du ‘’Rip off’’, qui consiste à ouvrir un parapheur frauduleusement pour y déposer leur demande. Le défi du contrôle du document administratif par rayon x est immense, analyse un spécialiste du droit administratif. Les contrôles sont aléatoires et ne portent que sur une infime minorité de documents. Parfois, ils peuvent échapper soit à la Directrice Nationale, soit au Secrétaire Général. Tout le reste passe au travers face à cette masse de documents qui passent et reposent sur leurs postes, les services administratifs de Madame la Directrice Nationale et du Secrétaire Général, font comme ils peuvent. En ciblant les dossiers grâce à un important travail documentaire réalisé en amont, – point de départ …. Mais aussi en procédant à des contrôles humains, cynophiles ou techniques quand c’est possible. D’ailleurs, confie un haut cadre anonyme, ‘’les effectifs ont été un peu renforcés, mais globalement, nous n’avons que nos têtes et la baraka’’. Mais le manque de scanner mobile sur les dossiers administratifs est aussi un poids. Comme partout ailleurs, la corruption est un autre problème de taille. Et est l’une des armes les plus redoutables des faussaires et trafiquants. ‘’Il leur suffit de tromper la vigilance des prestataires pour qu’ils ferment les yeux sur tels ou tels dossiers, explique un spécialiste de lutte contre le trafic de Diplômes. Quand on sait l’argent qu’ils brassent, pour eux, ce sont des cacahuètes.
Mais les services de la Fonction Publique ont peu de leviers pour contrer ce fléau. Peut-être que le Ministère de la Fonction Publique va faire passer au polygraphe les hommes à l’éducation ? Ce qui peut donner des résultats et aider à faire le ménage. A cela s’ajoute l’absence de pôles judiciaires spécialisés dans le trafic des Diplômes inexistants dans la plupart des capitales Ouest-Africaines et pourtant déterminant pour lutter efficacement contre ces réseaux mafieux. Malgré les défis, la plupart des observateurs saluent les efforts et la probité des hauts-cadres (Directrice Nationale, Secrétaire Général, l’Inspecteur Général Adjoint, etc…) en matière de lutte contre les faux matricules et arrêtés : renforcement des unités spécialisées, meilleure maîtrise des techniques d’enquêtes, coopération policière, judiciaire et Universitaire accrue, ……………
Des progrès sont notables. Mais il en faudra plus pour mettre KO les cartels des faux diplômes et arrêtés.
Housseine DIALLO pour guinee-info.com