Boké : Les émeutes de courant
Dix blessés et des dégâts matériels, c’est le bilan des affrontements qu’on peut appeler « émeutes contre le manque de courant et le robinet sec » qui ont eu lieu ces derniers jours à Boké. Le début de la semaine n’a pas été calmé dans la principale ville de Kakandé. Jusqu’à ce mercredi, les choses ne se sont pas temporisées. Sur son mur Facebook, Amadou Bah de Actions mines Guinée, a publié ça : « Retranchés dans la préfecture de Boke, les manifestants nous ont pris à partie. Heureusement, sauvés. Cependant, notre voiture de mission a été endommagée. Tous les édifices saccagés les détenus libérés. Le courant rétabli. Vive la barbarie et l’État sauvage. » Ceci est l’expression d’une désolation face à la situation qui a prévalu dans la cité.
La ville a connu des violences rares. Les Bakékas, à bout de l’attente du courant, ont laissé exploser leur colère. Les manifs sont à la fois l’expression du ras-le-bol et une façon d’exiger le retour du courant. Malheureusement, le siège de la société Electricité de Guinée (EDG) est parmi tant d’édifices qui ont fait les frais de la colère des manifestants. De même, les engins roulant, propriété d’une société minière évaluant dans la région.
Parait que la rareté du courant est due à la panne d’un des deux groupes électrogènes de la centrale qui alimente la ville de Boké. « Ceci a joué sur la desserte normale en électricité et a suscité la colère de la jeunesse. Les jeunes sont descendus dans la rue avec des slogans depuis hier nuit, des pneus ont été brûlés, des barricades sont érigés, des jets de pierres. Ils se sont attaqués à certains édifices publics et privés », a expliqué le préfet Lamine Doumbouya au micro d’un confrère.
Dans la même foulée, Abdoulaye Sylla, député uninominal de Boké, qui s’est exprimé dans les GG, a expliqué le comportement des manifestants par l’accumulation de la frustration et de la souffrance des Bokékas. « Psychologiquement, quand ça s’accumule, ça éclate. Vous ne pouvez pas indiquer aujourd’hui qui est à la base de ces mouvements. C’est toute la population qui est concernée », a déclaré le député. Avant de regretter ce qu’on peut considérer comme le non-respect par les sociétés minières évoluant dans la région de la responsabilité sociale qui les incombe vis-à-vis des populations. ‘’Malheureusement, les sociétés minières n’ont pas fait bénéficier à Boké ce que Boké devait bénéficier », a-t-il lancé. Le manque d’emplois pour les jeunes, malgré le nombre de camions qui circulent dans la ville, les multiples accidents qui endeuillent des familles ou font des handicapés à vie ne sont pas pour faciliter la cohabitation entre sociétés minières et populations de Kakandé.
Malheureusement, dans le pays, on n’apprend rien du passé. Le pays n’est pas au premier mouvement social lié aux conditions de vie précaires des populations riveraines des zones minières en exploitation. Mais l’Etat s’est toujours fait surprendre par ces événements malheureux qui n’encouragent pas les investisseurs. Vivement un Etat qui voit loin