Interview avec Mohamed Sidibé, Président du Conseil des maliens de Guinée
« Les problèmes des africains doivent être réglés par eux-mêmes. La solution des maliens se trouve dans les mains des maliens. Cela est valable pour tous les pays africains », dixit Sidibé.
Pour mieux comprendre la situation actuelle de la Transition au Mali, les reporters du site d’informations et d’analyses générales guinee-info.com ont tendu le micro à Monsieur Mohamed Sidibé, président du conseil des maliens de Guinée. Entretien à chaud.
1)-Guinee-info.com : Monsieur le Président, le Mali sous embargo avec la CEDEAO malgré la guerre dans votre pays. Quelles sont vos impressions ?
Mohamed Sidibé : Je rectifie d’abord cette question. Le Mali n’a pas été sous embargo. Il a été suspendu par les institutions de la CEDEAO et de l’Union Africaine. Les institutions, c’est des instruments politiques ; ce qui équivaut à ne pas participer aux réunions que tiennent les chefs d’Etats et celles du conseil des ministres, c’est ça. Il ya aucun embargo économique et sécuritaire sur le Mali ; cela n’a rien à voir avec la situation actuelle au Mali.
2)- Monsieur le Président comment expliquez-vous la brouille entre les protagonistes après le renversement du président IBK ?
Il n’y a pas eu de brouille. Il y a eu une sorte de trahison. Le président de la Transition et le premier ministre ont été emmenés sur proposition des militaires. Ils ont été acceptés par la Communauté Internationale et leur rôle était bien défini.
Le président, le vice président de la Transition et les responsables des militaires ont en charge des questions de défense et de sécurité. Lorsqu’il s’agit de remanier le gouvernement et lorsqu’il s’agit de prendre des initiatives dans le cadre de la défense, de la sécurité, il n’a été ni consulté, ni écouté ; cela a menacé la cohésion au sein des Forces Armées parce que dans le remaniement, ils ont écarté les représentants de la garde républicaine.
Or, ces unités d’élites étaient des acteurs principaux qui ont procédé aux événements du 18 août, date du départ du président IBK. Donc la garde pensait être marginalisée par les militaires alors que cela n’est pas ça. Ainsi, c’est dans cette mésentente, qu’ils ont essayé de leur faire comprendre mais ils n’ont pas accepté et ils ont préféré démissionner.
Est-ce que cela n’est pas une façon de calmer le jeu, après les turbulences du M5 dans le passé ?
Oui ! Le président de la Transition a donné la Primature à M5 qui a choisi son leader, le président du comité stratégique en la personne de Maïga. Il reste maintenant à confirmer ou à infirmer et dans tous les cas, le président Goita a prêté serment comme prévoit la constitution.
Une fois qu’il aura prêté serment, il nommera le premier ministre qui à son tour va nommer le gouvernement de consensus et d’ouverture.
Quel message faites-vous à l’endroit de la communauté malienne de Guinée et des populations africaines?
La communauté malienne de Guinée fait partie intégrante du peuple malien. Et, aujourd’hui, le peuple malien doit se mobiliser derrière la Transition pour relever le défi à savoir : le défi de mal gouvernance, de l’insécurité, de refondation de l’Etat pour que nous ayons un Mali de renouveau à travers des élections libres, crédibles et transparentes.
Je dirais aux africains que leurs problèmes doivent être réglés par eux-mêmes. La solution des maliens se trouve dans les mains des maliens. Cela est valable pour tous les pays africains. Ce qui manque à l’Afrique aujourd’hui, c’est l’unité d’action. L’Afrique doit constituer des blocs et créer des constitutions pas par panacée à l’image de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, à l’image de la CEMA qui est de la CEDEAO, ce n’est pas ça. Nous avons besoin d’un bloc uni et solidaire qui est aussi autonome dans les prises de décisions face à l’occident tant sur le plan politique que sur le plan économique pour que l’Afrique qui renferme d’énormes ressources, aussi bien que des richesses humaines puissent être aujourd’hui un continent qui a son mot à dire dans l’évolution du Monde.
Propos recueillis par Issiaga Camara et Don de Dieu Agossou pour guinee-info.com