Interview exclusive de l’honorable Aboubacar Soumah, Président du Parti G.D.E

« Le Parti Guinée pour la Démocratie et l’Equilibre compte avoir 82 députés », dixit l’honorable Soumah
Le parti Guinée pour la Démocratie et l’Equilibre (G.D.E) fait partie des 29 formations politiques retenues par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour les élections législatives du 16 février 2020. L’Honorable Aboubacar Soumah, président du GDE se réjouit de cette bonne nouvelle eu égard à la jeunesse de sa formation politique. Au cours d’une interview qu’il a accordée à notre reporter du site d’informations et d’analyses générales, guinee-info.com dans la soirée du mercredi dernier 2020 ; l’honorable aborde les différentes questions d’actualités nationales et exprime son ardent souhait de voir sa formation politique remportée au moins 82 sièges sur les 114 de l’Assemblée nationale. Entretien à Chaud.
Guinee-info.com : l’honorable, votre parti politique figure présentement parmi les 29 retenus par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour les élections législatives du 16 février 2020, quel est le sentiment qui vous anime tandis que d’autres formations politiques n’ont pas été retenues ?
Honorable Aboubacar Soumah : J’ai un sentiment de satisfaction parce que, honnêtement c’est un parti qui vient d’être crée en fin 2017, agrée en 2018. Nous avons fait une première participation aux élections communales de 2018 en alliance naturellement avec le RPG arc-en-ciel. Cette fois-ci, nous allons en tant qu’entité politique indépendante. Nous avons eu la chance de présenter six candidats uninominaux notamment à Kaloum, Dixinn, Ratoma, Dubréka, Kindia et Boké.
Nous avons présenté une liste nationale de 76 candidats. Si le travail fait a été reconnu conforme aux lois de la République par la CENI, c’est un sentiment de satisfaction que nous avons car ce n’est pas toute formation politique naissante qui peut faire un tel résultat. Si Dieu a voulu nous donner cette chance, nous ne pouvons avoir qu’un sentiment de fierté.
Guinee-info.com : Comment le parti GDE se prépare pour engranger un nombre important de sièges au sein de la future Assemblée Nationale ?
Honorable Aboubacar Soumah : Nous ne sommes pas comme les partis classiques en Guinée. Certes, un parti politique est créé pour conquérir le pouvoir et l’exercer ; mais son existence sur l’échiquier politique ne pourrait se résumer à ce seul objectif. Oui la conquête du pouvoir fait partie des objectifs fondamentaux d’un parti politique mais il y a aussi d’autres objectifs. Pour une jeune formation politique comme la notre, il s’agit d’abord de nous faire connaitre sur l’étendue du territoire national.
L’opportunité de participer à des consultations nationales, est une occasion unique de faire connaitre le sigle de notre parti tant sur le plan national que dans les représentations diplomatiques de notre pays à l’étranger. Alors, participer aux prochaines élections législatives est une bonne chose pour nous, car cela sera un premier objectif déjà atteint.
Le second objectif de notre parti en allant aux prochaines consultations électorales, c’est bien attendu d’engranger le maximum de députés à la prochaine législature. Pour une première participation à ce genre de consultation, nous ne pourront exiger de nous-mêmes l’obligation de gagner partout certes ; mais nous estimons qu’avec l’immense travail qui a été abattu par les cadres et les militants du parti ainsi que les efforts qui seront déployés dès l’ouverture de la campagne électorale ; forcement les résultats seront au rendez-vous. Un de nos objectifs, pas des moindres, de notre parti est de faire en sorte que ce pays soit stable, un pays de paix, un pays où il fait bon vivre.
Pour l’édification d’une telle société, il faut que les guinéens acceptent de concourir de façon pacifique, que les différents candidats se regardent certes comme des concurrents, mais se considèrent surtout comme des frères. C’est à cela que nous nous déploierons pour développer notre campagne pour les législatives afin que les Guinéens connaissent nos différentes propositions pour l’édification de cette Guinée dont nous souhaitons voir émergée.
Guinee-info.com : Quel est le nombre de sièges que vous comptez avoir pendant ces élections législatives ?
Honorable Aboubacar Soumah : Nous avons présenté 82 candidats, nous aimerions avoir 82 admis sinon on n’allait pas le faire. Nous avons présenté 82 candidats sur 114. Si vous prenez les six circonscriptions électorales où nous avons présenté les candidats uninominaux, chaque candidat uninominal est accompagné par un suppléant. Nous avons également présenté 76 candidats sur la liste nationale. Là aussi, nous le faisons avec beaucoup de stratégies politiques pour que nous ayons un nombre de députés importants nous permettant d’avoir notre groupe parlementaire. C’est de cela qu’il s’agit.
Guinee-info.com : Est-ce que vous avez confiance en cette CENI quant à l’aboutissement de ce processus électoral entamé ?
Honorable Aboubacar Soumah : En République de Guinée, selon nos différentes lois, la CENI demeure le seul organe habilité de gérer, d’organiser les différentes élections nationales et le référendum dans notre pays. A cela, il faudra ajouter que nous Guinéens devrons apprendre à nous faire mutuellement confiance et à accorder du crédit aux différents organes dont nous sommes dotés, sans ces quelques préalables rien ne bougera. On n’a pas confiance entre nous, rien ne bougera. Quel est ce diable qu’on prendra pour mettre à la place de la CENI pour que les autres Guinéens aient confiance à ce diable ?
Je pense qu’il faut accorder le bénéfice du doute à quelqu’un en le suivant jusqu’à ce qu’il apporte la preuve contraire qu’il ne mérite pas cette confiance-là. C’est seulement à ce moment qu’on pourra le qualifier de malhonnête ou d’honnête. Cela dépend des cas. La CENI a décliné un calendrier du processus électoral, conformément à ce calendrier nous avons essayé de respecter les consignes de cette CENI.
Nous avons déposé nos dossiers de candidature à date, nous essayons de préparer le terrain conformément aux différents textes en vigueur. A date, nous sommes en train de nous préparer pour l’ouverture de la campagne qui normalement devra débuter de la nuit du 16 au 17 du mois en cours et nous allons faire la campagne selon nos moyens sur toute l’étendue du territoire national. Le jour j des élections, c’est-à-dire le 16 février prochain, nous allons demander à nos militants et sympathisants de bien vouloir accepter de voter pour nos candidats que cela soit à l’uninominal ou la liste nationale.
Maintenant nous allons également faire en sorte que comme la loi l’autorise d’ailleurs, depuis le niveau des bureaux de vote jusqu’au niveau de la centralisation des sous-préfectures ainsi qu’au niveau préfectoral que nos délégués soient présents pour que les résultats sortis des urnes soient effectivement les résultats proclamés par les démembrements de la CENI pour ne pas qu’il y ait d’autres problèmes. Donc, jusqu’à preuve du contraire, nous avons confiance à l’organe constitutionnel chargé d’organiser les élections en Guinée.
Guinee-info.com : Contrairement à vous qui faites confiance à la CENI, les grandes formations politiques d’opposition ont boycotté le processus électoral et entendent empêcher la tenue des élections législatives, comment comprenez-vous leur position ?
Honorable Aboubacar Soumah : J’ai toujours rectifié cette phrase-là dans la bouche des hommes de médias guinéens, je ne vois pas en quoi vous qualifiez certains partis de grandes formations politiques et d’autres de moindres. L’UFDG, l’UFR, PEDN et le PADES ne constituent pas les seuls partis de l’opposition. Non, il faut dire une partie de l’opposition. Moi qui suis devant vous, je ne suis ni en alliance électorale avec le RPG arc-en-ciel, ni dans la CODENOC. Mais mon parti reste et demeure un parti d’opposition suivant les textes de loi de notre pays qui sont claires là-dessus. Mais malheureusement dans notre chère Guinée d’aujourd’hui, on ne veut qualifier d’opposition que ceux qui envoient leurs militants et sympathisants dans la rue, qui font les marches, qui insultent, qui s’opposent en déversant des huiles de moteur et brulent les pneus dans la rue.
Etre de l’opposition ne veut pas dire qu’il faut être violent, un parti d’opposition est un parti qui n’est pas au pouvoir qui contredit certaines propositions du pouvoir, qui dénonce les pratiques non cathodiques du pouvoir, qui critique et qui propose des choses pour le bon fonctionnement des institutions de l’Etat.
L’UFR ne constitue pas le seul parti de l’opposition, L’UFDG non plus, le PADES également et personne ne peut dire nous sommes les seuls partis de l’opposition. Tous ceux qui ne sont pas de la mouvance présidentielle, les partis qui ne se reconnaissent pas au pouvoir actuel sont appelés partis de l’opposition qu’ils soient maintenant de l’opposition centriste, de l’opposition modérée ou je ne sais quoi ce sont des partis de l’opposition. Vous avez constaté il y a une trentaine de partis qui ont déposé des listes. Tous ces partis s’ils étaient de la mouvance présidentielle mais ils auraient pu présenter une liste commune.
Guinee-info.com : Comment vous comprenez cette partie de l’opposition qui a décidé de ne pas participer aux élections législatives ?
Honorable Aboubacar Soumah : C’est un droit pour eux de ne pas aller aux élections. Un parti politique est créé par un groupe d’hommes, c’est une association politique. Si les Guinéens qui se retrouvent dans une association et se décident d’aller aux élections, ils ont leurs droits d’y aller. S’ils décident de ne pas aller ça aussi c’est leurs droits le plus naturel. Donc, moi je pense qu’aller c’est un droit, ne pas aller aussi c’est un droit mais vouloir empêcher cela devient la rébellion pure et simple.
Guinee-info.com : Si vous êtes élu député et qu’on vous soumette un projet de nouvelle constitution, est-ce que vous allez voter pour ou contre ?
Honorable Aboubacar Soumah : Si ce projet de constitution tient compte des préoccupations que nous voulons défendre, si ce projet de constitution tient compte des réalités guinéennes en fonction des coutumes, nos réalités quotidiennes, nos mœurs et autres, je voterais pour.
Guinee-info.com : Selon vous la date du 16 février 2020 est tenable ou bien vous pensez à un report pour mieux vous préparer ?
Honorable Aboubacar Soumah : Je vous dis que je me suis préparé pour voter le 16 février. Vous avez vu dans mon siège, mes candidats de Boké, de Kindia, Dubréka, ceux de Ratoma, Dixinn et Kaloum sont là. Ceux de N’Zérékoré, Labé, Mamou seront là eux-aussi demain.
Alors comment voulez-vous que nous fassions tout ce travail et qu’on dise encore que la date du 16 est ceci ou cela ; non. Nous sommes en train de mettre des milliards dans les préparatifs pour être au rendez-vous du jour de vote ; alors nous aurons du mal à comprendre qu’on vient nous dire que cette élection est à nouveau reportée. Ce n’est pas possible.
Guinee-info.com : Quels sont vos rapports avec l’honorable Deen Touré, ancien député de l’UFR ?
Honorable Aboubacar Soumah : Honorable Deen Touré est désormais membre de notre parti, il est la deuxième personnalité sur notre liste. Cela ne se cache pas, la liste est publique. Deen Touré, honorable Mohamed Aly Doumbouya et autres sont également sur notre liste.
Guinee-info.com : Nous sommes au terme de notre entretien, votre message au peuple de Guinée pour qu’il vous accorde son suffrage pour les prochaines élections législatives ?
Honorable Aboubacar Soumah : L’appel que je lance à tous les Guinéens, c’est celui de se débarrasser de ces maux qui gangrènent aujourd’hui notre nation, je métrais particulièrement un accent sur l’ethnocentrisme. Je le dis à qui veut l’entendre, ce n’est pas le fait qu’un Peulh sera au pouvoir que les Peulhs Guinéens seront heureux ; non plus un Malinké, ou encore un Soussous ou un Forestier qui pourra seulement rendre les gens de son ethnie heureux. Prions Dieu qu’on ait un Guinéen qui considérera le Guinéen en tant que Guinéen ; en fonction de ce qu’il peut apporter au pays. On n’a pas besoin de savoir quel est son nom de famille.
Le choix des cadres doit avoir un seul critère, la compétence par rapport à ce qu’on veut le confier. Qu’il soit maintenant Camara, Diallo, Kaba, Soumah, Condé, Kéita, Lamah peu importe. L’essentiel c’est qu’est-ce qu’il peut apporter au pays. C’est pourquoi nous avons décidé de créer un parti. Nous avons compris que les idéologies développées pendant les campagnes électorales ne sont jamais celles qui sont mises en œuvre par les hommes politiques lorsqu’ils arrivent aux affaires.
Depuis l’indépendance nos hommes politiques, ont raconté beaucoup de contres vérités, versée dans la démagogie, de l’hypocrisie et tout ce que vous pouvez imaginer. C’est pourquoi depuis 2017 nous nous sommes dis qu’il fallait créer un parti politique qui pourrait faire la différence avec ces partis classiques. Nous disons au peuple de Guinée, de la Forêt en passant par la Haute Guinée, du Fouta jusqu’en Basse Guinée que leurs enfants se sont réunis, se sont donnés la main pour mettre en place une nouvelle formation politique qui s’appelle Guinée pour la Démocratie et l’Equilibre (GDE) qui souhaite unir les Guinéens, qui souhaite juger le Guinéen en tant que Guinéen, qui veut que la Guinée soit un Etat de paix, de fraternité et de solidarité entre toutes ces filles et fils, qu’il y ait une justice équitable entre ses enfants, qu’il y ait une répartition équitable des richesses du pays entre tous les Guinéens. Ce parti-là, nous l’appelons Guinée pour la Démocratie et l’Equilibre. Le mot équilibre vient juste à ce niveau. Tant que la chose commune que nous avons n’est pas partagée entre tous les Guinéens, cette chose là risque d’être le facteur de notre division.
Vous voyez bien aujourd’hui dans notre pays que le manque de solidarité et d’équité dans la répartition de la richesse nationale, nos compatriotes ont tendance ; à tord ou raison d’ailleurs ; a se retrancher derrière l’ethnocentrisme pour ne voir le bon candidat que celui de son ethnie. Cette lecture sur l’homme politique et la chose publique part du fait que les Guinéens ont constaté et cela toutes ethnies confondues que sa propre communauté devient automatiquement prédominante dans l’administration et dans les affaires que si c’est l’un des leurs qui se retrouve aux commandes de l’Etat. Le grand combat de notre parti sera de dissiper cette manière de voir entre le politique, peuple et la chose publique. Nous devons faire en sorte que nos compatriotes comprennent que quelque soit la personne qui sera au pouvoir, elle servira tous les guinéens de la même manière sans aucune forme de discrimination.
Si nous arrivons à créer un tel contexte, les Peulhs n’auront pas besoin de dire qu’il faut un Peulh, les Soussous n’auront pas besoin de dire qu’il faut un Soussou, les Malinkés n’auront pas besoin de dire qu’il faut un Malinké, les forestiers non plus. C’est ce type de Guinéen nouveau que nous voulons créer à travers notre parti. C’est pourquoi nous demandons à nos mamans et papas, de la Guinée Forestière en passant par la Haute Guinée, la Moyenne Guinée jusqu’à la Basse Guinée de se donner les mains, pour que chaque Guinéens ne voit en son prochain qu’un compatriote débarrassé de toute considération ethnique.
La lutte de notre parti sera désormais de faire en sorte que le peuple de Guinée comprenne qu’il ne devra accorder son suffrage qu’à celui-là qui sera capable d’apporter le bonheur à toute la Guinée.
Si un dirigeant arrive à réaliser une autoroute de Conakry à Koundara, cette route est faite pour le bénéfice de tous les Guinéens.
S’il y a de l’électricité dans le pays, ce n’est pas seulement les Malinkés ou les Peuhls qui utiliseront cette électricité, c’est tous les guinéens qui en utiliseront. S’il y a des habitats décents pour l’ensemble des fonctionnaires Guinéens ce ne sont pas des fonctionnaires Malinkés, Peulhs ou Soussous seulement qui y seront logés. C’est tous les Guinéens qui en bénéficieront.
Nous pensons qu’il faut trouver une nouvelle classe politique qui essayera de se départir de ces conceptions irrationnelles, haineuses et honteuses même pour la République à savoir : ces divisions régionalistes et ethniques.
Nous demandons à tous les guinéens de nous accorder leurs suffrages afin de défendre leurs intérêts à l’Assemblée nationale.
Je vous remercie.
Interview réalisée par Issiaga Camara pour guinee-info.com-624 34 42 72/ 666 43 66 93/ issiagafazo66@gmail.com