Labé : les enfants de la rue s’expriment !
En ce mois de juin qui est celui de l’enfant, nous avons cherché à connaitre les conditions dans quelles vivent les mineurs sans abris, dans la préfecture de Labé. Les révélations de ces innocents en dangers et des ONG locales en charge de la protection des droits de l’enfant sont plutôt fracassantes. Venus pour la plupart des zones rurales ils sont régulièrement confrontés à des problèmes et passent la nuit dehors à la merci des intempéries et autres menaces.
Reportage …
C’est à 23 heurs 30’ que nous sommes descendus dans les rues du grand marché de Labé. Boutiques et magasins étaient tous fermés, les étalagistes aussi avaient plié bagages, mais d’autres y restaient. Ce sont les enfants sans abris !
Agé de 17 ans et originaire de Maci dans la Préfecture de Pita, Alphadjo, en compagnie de ses pairs, les gosses de la rue avec lesquels il traine depuis deux ans, évoque son quotidien : « Je passe la nuit dehors, sans couverture, les moustiques me piquent. Ici mes amis et moi, nous souffrons énormément. Je vends des habits à la friperie, je n’ai jamais été à l’école. Parfois je me couche sans prendre mon diner, faute de d’argent. Si tu as un peu d’argent et que tu passe la nuit dehors, les plus âgés et les alcooliques te dépossèdent »
Al Imourana Diallo, handicapé, serait originaire de Thianguel-Bori. Lui aussi vit dans la rue et de la mendicité : « Quand je viens demander de l’argent, certains me demandent de revenir après, d’autre me menace. Il y en a aussi qui me donne 500 GNF, 1000 GNF ou 5000 GNF. Quand je pars à Pita je peu gagner jusqu’à 100.000 GNF. Je vis de ça », a affirmé le pauvre, d’un ton très pathétique.
Mamadou Boye est un autre enfant qui passe la nuit sur les tables du grand marché de Labé. Comme plusieurs de ses camarades, il n’a pas jamais eu la chance d’être à l’école : « Mon papa et ma maman ont divorcé, alors que j’étais bébé, voilà pourquoi je n’ai pas fait l’école. »
Les dangers auxquels sont exposés les enfants qui ne vivent pas dans leurs familles sont multiples explique M Hervé Tolto, éducateur au foyer Saint Josèphe de Labé : « Ces enfants souffrent beaucoup. Derrière le transport des bagages, ce qui est tres mauvais, dans la rue les enfants fument de la drogue, boivent de l’alcool, aspirent l’essence et la colle. Ils se bagarrent et pratiquent les jeux de hasard », révèle l’éducateur.
Sylla Amadou, responsable de l’ONG de protection des droits de l’enfant, Sabou Guinée, pense que les familles ont une grande part de responsabilité dans la déroute des enfants : « La rue n’engendre pas d’enfant ! Il n’y a pas un enfant de rue, il y a un enfant en situation de rue. Tous ces enfants-là sont venus de différentes familles pour habiter la rue. Il faut l’implication des acteurs de la protection des enfants, il faut surtout l’Etat, parce que ces acteurs accompagnent l’Etat. Nous on ne peu pas se substituer à l’Etat », lâche-t-il.
« Les grands nous écrasent à chaque occasion ici dans la rue » disent les mineurs qui dorment à la belle étoile. Nombreux des enfants rencontrés voudraient apprendre un métier, s’ils trouvaient quelqu’un pour les aider dans ce sens. En attendant, ils vivent sans abris et sans soutient.
Avec cet abandon don sont victimes ces enfants, seul un miracle peut empêcher qu’ils deviennent des bandits de grand chemin, car ils vivent en dehors de toute affection et d’amour familial encore moins de la société. Ils risquent d’être des mauvais élèves de la vie qui dispenseront les cours qu’ils ont appris au détriment de la société.
Abdoulaye Sadio Diallo, de Labé, pour Guinée-Info.Com
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