Parlement : Le Code électoral divise les députés
Nous allons tout faire pour adopter le Code électoral et le règlement intérieur. Ces propos sont de Claude Kory Kondiano, président de l’Assemblée nationale. C’était le 4 janvier 2017 lors de la dernière plénière avant la clôture de la sesssion budgétaire. Sauf que le Code en question n’était même à l’ordre du jour. Selon Kory Kondiano, le Code électoral devra être adopté en session extraordinaire. Il n’en fallait pas plus pour susciter la désapprobation des députés libéraux démocrates qui ont aussitôt quitté l’Hémicycle. Fodé Oussou Fofana, président du groupe parlementaire les Libéraux démocrates, a regretté la position du président du Parlement guinéen qui « viole délibérément la loi. »
La veille, lors d’un point de presse tenu à leur siège, les députés libéraux démocrates « avaient annoncé leur désaccord quant à l’adoption du Code électoral tel que les députés de la Mouvance le veulent. Les députés de la Mouvance ont à la dernière minute inventé le scrutin majoritaire, une disposition qui bouleverse complètement la procédure. La disposition veut que lors des communales, celui qui est majoritaire s’empare de tous les postes. C’est contraire à la démocratie, à la décentralisation qui court depuis les années 90. »
Les députés libéraux ont estimé qu’en imposant cette disposition en violation de la procédure, la Mouvance montre son manque de volonté à faire adopter le Code électoral. « Ils ont toujours fait preuve de manque de volonté de respecter les accords politiques que nous avons eus. Qui sont eux-mêmes une conséquence de la violation de la loi par le président. Si la Constitution et les Lois du pays étaient respectées par le régime actuel on n’aurait pas eu besoin d’aller au dialogue ».
Quid de l’engagement d’Alpha Condé
Au sortir de la rencontre entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, celui-là s’était engagé à respecter les accords sortis de dialogues précédents et à venir. Les députés libéraux démocrates croient que la donne a changé. Les engagements ont sauté, violés même pas théoriquement par le président de la République, mais par les députés mouvanciers. Pour Fodé Oussou Fofana, après le dialogue, une commission de suivi de la mise en œuvre de l’accord politique du 12 octobre on a créé. Elle a travaillé avec le ministère de l’Administration dans l’esprit de l’accord. Le projet de Code électoral déposé à l’Assemblée par le ministère respecte les dispositions de l’accord. « C’est seulement 48h avant la plénière que le président du groupe parlementaire RPG arc-en-ciel est venu annoncer la nouvelle disposition. Nous serions étonnés si tout se terminait comme cela avait commencé. Nous ne sommes pas surpris, le président, le gouvernement et les députés de la mouvance sont en connivence. Il y a quelqu’un qui dicte, les autres exécutent »
Elections ou manifs
Les députés libéraux sont catégoriques : « Puisque nos collègues de la Mouvance ne veulent pas le Code électoral révisé, nous exigeons l’organisation des élections conformément au Code électoral en vigueur. Sinon, nous allons user de nos droits constitutionnels que sont les marches pacifiques pour exiger l’organisation des élections. Depuis l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, il a toujours fallu qu’on manifeste pour les élections. C’est regrettable qu’il en soit ainsi. »
Pour Ousmane Gaoual, l’opposition a accepté d’aller au dialogue pour éviter l’affrontement, parce qu’elle veut la paix et la cohésion sociale dans la pays. « Mais puisque le pouvoir ne veut pas la paix, il ne respecte pas ses engagements, il fallait qu’on se retrouve dans une telle situation de blocage. »