Télécoms en Éthiopie : une seconde chance pour MTN ?
L’opérateur sud-africain pourrait être de nouveau candidat à l’obtention d’une licence en Éthiopie lors d’une seconde attribution qui interviendra dans quelques mois.
À peine a-t-il attribué une première licence d’opérateur télécoms privé au consortium mené par Safaricom et Vodafone que le gouvernement éthiopien planche déjà sur la suite.
Un second tour d’attribution de licence permettant d’ouvrir le marché des télécoms à la concurrence devrait en effet avoir lieu dans les mois qui viennent, a confié mardi à Jeune Afrique, Brook Taye, conseiller au ministère des Finances et l’un des principaux architectes de la libéralisation du secteur.
Pourquoi la privatisation partielle d’Ethio Telecom est salutaire et opportune
Abiy Ahmed, qui se présentera le mois prochain pour un nouveau mandat lors d’élections déjà reportées deux fois, a salué samedi la nouvelle sur Twitter, affirmant que la proposition « offrait les droits de licence les plus élevés et un dossier d’investissement très solide. »
Il écrit également que le consortium apportera le plus gros investissement direct étranger jamais enregistré en Ethiopie. « Notre désir de rendre l’Éthiopie entièrement numérique est sur les rails », a-t-il ajouté.
The Council of Ministers has unanimously made a historic decision today allowing Ethiopian Communications Authority to grant a new nationwide telecom license to the Global Partnership for Ethiopia which offered the highest licensing fee and a very solid investment case.
Le gouvernement prévoyait d’attribuer deux nouvelles licences. Mais, fin avril, il n’avait reçu que deux offres après le désistement de plusieurs groupes qui avaient initialement exprimé leur intérêt, dont le français Orange et l’émirati Etisalat.
Le deuxième candidat, le sud-africain MTN, proposait 600 millions de dollars, ce qui n’était « pas assez » et a par conséquent été « rejeté », a précisé Brook Taye.
Balcha Reba, directeur général de l’Autorité éthiopienne des communications, a déclaré pour sa part que la deuxième licence serait prochainement re-proposée.
8,5 millions de dollars d’investissements
Les crises auxquelles fait face l’Ethiopie, telles la guerre au Tigré (Nord) ou les tensions avec le Soudan et l’Egypte, ont pu décourager des candidats, estime Chiti Mbizule, analyste chez Fitch Solutions. « Il ne peut pas être exclu que, pour les acteurs plus prudents, la situation économique et politique joue un rôle dans leur décision d’attendre », a-t-il ajouté.
Certains ont également pu être refroidis par l’interdiction, pour les compagnies étrangères, de proposer des services financiers mobiles, alors qu’Ethio Telecom vient de lancer son propre programme d’argent mobile, Telebirr.
Brook Taye a affirmé que 1,5 million d’emplois devraient être créés et 8,5 millions de dollars investis sur 10 ans grâce à la licence Safaricom, qui fournira des services internet 4G et 5G. D’ici 2023, un satellite à basse orbite sera mis en place pour fournir une couverture 4G nationale, a ajouté Brook Taye.
Les réformes dans le secteur des télécoms comprennent également la vente d’une part du capital d’Ethio Telecom, afin de rendre cette entreprise plus efficiente.