Politique : l’ONU approuve l’envoi d’une force multinationale en Haïti
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Le Premier ministre haïtien Ariel Henry s’adresse à la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le 22 septembre 2023.
Un an après la demande officielle du Premier ministre haïtien par intérim, Ariel Henry, d’un envoi d’une force étrangère dans le pays pour combattre les gangs armés qui y sèment la terreur, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution en ce sens, ce lundi à New York, avec treize voix pour, la Chine et la Russie se sont abstenues.
Si le rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste estime que, certes, « l’ONU vient d’offrir une nouvelle fois à Haïti une possibilité de respirer », il pointe aussi du doigt la faiblesse des autorités haïtiennes dans la préparation de l’intervention de cette force multinationale : « Impossible de connaître le vrai effectif de la police nationale d’Haïti ni de faire la part entre effectif total et « forces combattantes » L’État haïtien n’a par ailleurs aucune idée des montants nécessaires pour monter des forces de sécurité à la hauteur de nos besoins et des défis futurs », fustige Frantz Duval. L’éditorialiste appelle à ne pas « se reposer sur les forces étrangères qui, à chaque fois, partiront un jour, tôt ou tard, et de toute façon trop tôt, car nous n’aurons pas de plans de rechange prêts ».
Justement, le quotidien Le National, réclame un changement dans l’approche sécuritaire en Haïti. « Nul besoin de dire qu’Haïti a besoin d’une assistance internationale pour empêcher que le pays ne s’effondre totalement », écrit le journal. Il réclame des « stratèges de la nouvelle mission d’assistance internationale de sécurité à intégrer dans leur trousse de solutions des outils d’intelligence. Car il est improbable, voire impossible de gouverner la sécurité efficacement sans dispositif d’intelligence », estime Le National. « Il n’y a de stratégie sécuritaire efficace que par la capacité à s’inscrire dans l’anticipation en faisant preuve de vigilance et de réactivité. La gouvernance de la sécurité nécessite donc des méthodes prospectives et de recherche pour détecter dans l’environnement les signaux faibles des menaces dissimulées ou silencieuses ». Cette approche tout comme les technologies nécessaires sont aujourd’hui inexistants en Haïti, explique le quotidien. Car jusqu’ici aussi bien les autorités haïtiennes que la communauté internationale se sont contentées de traiter l’urgence, jamais la prévention du chaos.
Déploiement d’une force internationale en Haïti: ce que prévoit la résolution soumise au vote à l’ONU
De l’autre côté de la frontière, en République dominicaine, l’annonce de la force internationale pour Haïti est en Une des journaux. « Enfin une réponse », s’exclame Diario Libre. « Cela fait des années que la République dominicaine réclame l’aide de la communauté internationale pour mettre fin à la mainmise des gangs en Haïti ». Et le fait que la résolution adoptée hier en ce sens par le Conseil de sécurité de l’ONU fasse référence à « Haïti et à la région » équivaut pour l’éditorialiste à une « reconnaissance des répercussions pour la République dominicaine de la situation d’insécurité extrême dans le pays voisin ».
« La tâche ne sera pourtant pas aisée », souligne de son côté le Listin Diario. « Compte tenu de l’étendue de la domination territoriale de ces gangs, les troupes étrangères devront mener des actions chirurgicales et risquées pour les neutraliser et les démanteler. Ces confrontations, poursuit le journal, obligeront la République dominicaine à renforcer ses mesures de sécurité intérieure et à prolonger la fermeture de sa frontière. Frontière par laquelle des membres de gangs en fuite tenteront forcément de passer. »
Le site d’information Acento espère, au contraire, « que les positions dures adoptées par la République dominicaine, telles que la fermeture de la frontière, pourront être assouplies dans les prochains jours, pour le bien des deux pays qui partagent la même île. » Le Monde