Lettre ouverte d’un étudiant au chef de l’Etat
Monsieur le Président, rendez-nous nos tablettes
Je n’ai nullement envie, à travers cette expression de mon amertume, vous rappeler que la promesse est une dette. Vous êtes professeur de droit, vous connaissez mieux que moi la portée de la promesse. Ne me dites surtout pas que cette dernière était électorale ; car, j’ose croire qu’en ce qui nous concerne, nous avons rempli la part du contrat en vous créditant d’un suffrage vous permettant de présider aux destinées de la Guinée. A moins que vous n’avouiez le contraire pour ouvrir l’éternel débat de la transparence de l’élection présidentielle. Vous n’avez donc plus une porte de sortie. Remplissez la part du contrat et rendez nous nos tablettes.
Monsieur le président,
Nous sommes une jeunesse prise en otage par vos interminables pollicitations verbales, désœuvrée, déboussolée et perdue qui n’a de repère qu’à travers vos annonces à la volée. Oui, nous avons le droit de rêver, de vous croire, car à notre avis, après 50 ans de lutte politique et votre posture récente de président de l’UA, vous saurez prendre de la hauteur en élevant notre système éducatif. Que vous nous traitez de mal éduqués, d’indignes ou que sais-je encore de mineurs excités est le comble…
Monsieur le président,
Si dans votre magistrature, réclamer son droit ou vous exhorter au respect de vos promesses rend indigne, alors soyez prêts à diriger une nation ‘d’indignes’. La réclamation, nous la ferons, les comptes, nous vous en demanderons inlassablement. Si vous n’en voulez pas, alors rangez vos promesses dans vos tiroirs de Sékoutouréyah.
Monsieur le président,
Je vous le concède, nous avons un niveau très bas. Oui, admettons même que notre niveau soit le plus bas de la sous-région. Cependant, dites-moi qu’avez-vous fait depuis 7 ans pour rehausser ce niveau, redorer le blason du système éducatif guinéen afin d’en assurer la compétitivité ? Au contraire, vous avez plutôt catalysé sa décadence en fermant les écoles pendant des semaines ou encore en refusant catégoriquement de payer les arriérés aux universités privées. A cette allure, c’est même juste de se demander si l’Etat guinéen dont vous en êtes le chef veut vraiment que les jeunes étudient. Rien qu’à voir le mauvais traitement que vous accordez aux institutions publiques d’enseignement. Il ne se passe pas une année sans qu’il y ait des grèves, manifestations dans les lycées ou à l’université avec les mêmes revendications : condition de travail des enseignants, salaire, infrastructures, etc.
Monsieur le président,
Professeur de votre état, personne d’entre nous n’a eu ce privilège de bénéficier de ce large éventail de connaissance que vous revendiquez. Certes à vos yeux, de l’histoire de l’Afrique au civisme, nous sommes certainement des profanes en la matière. Mais, vous n’avez non plus daignez nous accorder ne serait-ce qu’une demi-heure de cours à l’université.
Monsieur le président,
Nous en avons assez ! Vous ne nous offrez rien de concret. Nous vous prions de bien vouloir nous accorder le bonheur tant souhaité en ce laps de temps qui vous reste.
Veuillez agréer l’expression de ma profonde consternation.
Par Amadou Tidiane Fatoumata Diallo (Science), étudiant diplômé de licence en droit public à l’Université Nongo Conakry (UNC) et membre de la Société Civile Guinéenne.